Innovation ouverte : une recherche à fort impact pour les entreprises

Mise au point d’outils à même d’améliorer la compétitivité des entreprises, publications scientifiques, consolidation des liens recherche-formation… la chaire* “Innovation Ouverte management 4.0 et Prospective à l’Ère du Numérique” (IOPEN), pilotée par la Fondation USMB, a rempli sa mission alors qu’elle arrive à son terme. Le point avec sa co-directrice scientifique, Rachel Bocquet. 

Un mot de présentation tout d’abord sur ce programme scientifique d’excellence lancé en 2020, en plein confinement, et qui s’achève le 15 février 2024.

La chaire IOPEN avait pour ambition de développer, avec six entreprises du territoire, leaders sur leur marché (Alphi, Enedis, Pfeiffer Vacuum, Nicomatic, Salomon, Somfy, Grand Annecy), des nouveaux modèles et des outils de management de l’innovation ouverte (NDRL qui implique les salariés, mais aussi des acteurs extérieurs à l’entreprise) pour les accompagner dans leur transition, notamment numérique.

Nous avions alors déterminé trois axes : identifier les leviers et les freins à la mise en œuvre du processus d’innovation ouverte chez chacun des six mécènes

Rachel Bocquet, directrice scientifique de la chaire IOPEN, portée par la Fondation USMB

RACHEL BOCQUET

Co-directrice scientifique de la chaire IOPEN  Directrice de l’IREGE, Institut de recherche en gestion et en économie.

en mettant l’accent sur les innovations managériales à mettre en place pour garantir les conditions de sa pérennisation ; comprendre comment mettre en œuvre ce processus en interne comme en externe, en lien avec leur écosystème ; évaluer ses effets sur la performance économique, sociale et environnementale de l’entreprise.

Pour mener à bien cette recherche, nous avons mis en place une double méthodologie, qualitative et quantitative, qui s’est appuyée sur 144 entretiens et plus d’un millier de questionnaires réalisés auprès des salariés quelle que soit leur fonction. Nous avons également organisé 46 réunions intra-mécènes, 10 inter-mécènes, remis 35 livrables…

Quatre ans plus tard, les travaux s’achèvent. Quel est votre sentiment ?

Une vraie satisfaction ! Celle d’une recherche utile, à fort impact pour les entreprises. Nous avons des entreprises dont les salariés ont significativement évolué dans leurs pratiques d’innovation et qui ont gagné en maturité, laissant place à davantage de transversalité et d’ouverture pour innover avec les autres salariés ou acteurs externes. Récemment, un mécène nous a confié : « Le haut niveau de votre recherche nous élève ! ». Ce témoignage est fort et récompense aussi l’excellence académique d’une équipe de 10 chercheurs de l’IREGE, Institut de recherche en gestion et en économie, qui se sont engagés dans la durée.

Quelles avancées concrètes ont-ils permis ?

Ce travail a notamment abouti à la création et à la diffusion d’outils comme le diagnostic de maturité en matière d’innovation ouverte. C’est une véritable innovation à haute valeur académique qui permet aux entreprises-mécènes de se situer, d’identifier leurs points forts et faibles. L’idée n’étant pas de faire émerger le meilleur profil, mais bien de faire correspondre le degré d’ouverture des entreprises à leur stratégie.

Nous avons également développé un outil de sélection de partenaires externes qui permet aux entreprises de développer un écosystème pérenne pour accompagner leur projet d’innovation.

Les entreprises extérieures à la chaire et intéressées par l’innovation ouverte pourront-elles accéder à ces outils ?

Nous sommes actuellement en cours de réflexion avec la Fondation USMB et nos mécènes pour que cette diffusion soit pleinement assurée.

Ces travaux ont également donné lieu à de nombreuses publications scientifiques…

Effectivement. À ce jour, nous en comptons 23. À cela s’ajoutent une thèse de doctorat, des articles de vulgarisation… Trois membres de notre équipe ont par ailleurs été reconnus pour leurs compétences au niveau national et ont reçu une prime d’excellence scientifique. Et ce n’est pas fini. Une chaire, c’est un accès privilégié à des données et beaucoup restent encore inexploitées. Nous allons poursuivre leur valorisation. Nous avons même l’idée de rédiger un ouvrage qui associera étroitement nos mécènes.

La chaire IOPEN a-t-elle permis de resserrer les liens entre recherche et formation ?

Tout à fait. Nous avons lancé en 2022 le label MIT, Management de l’Innovation et de la Technologie, qui a permis de former 100 étudiants de master de l’USMB. 80 étudiants du master 101 (stratégie et organisation) de Paris Dauphine ont également travaillé avec nous sur le diagnostic de maturité.

Nos différentes interventions (masterclass, conférences…) ont par ailleurs permis de toucher un public plus large, soit 1 200 participants de manière directe. Nous avons de même pu travailler avec des stagiaires et professeurs étrangers invités. Et la chaire a garanti un effet de levier en consolidant l’équipe du laboratoire. Elle a de même conforté notre reconnaissance dans le champ de l’innovation ouverte. Une chaire pour un laboratoire, c’est très structurant, de surcroit une chaire comme IOPEN dotée d’un budget conséquent (près de 400 000 euros sur cinq ans).

Au final, diriez-vous que ce programme a été gagnant-gagnant ?

L’idée d’une chaire est d’instaurer un partenariat gagnant-gagnant entre chercheurs, entreprises-mécènes et territoire. Ce n’est pas que le produit d’un laboratoire, mais aussi un lieu d’exploration et d’échanges de connaissances et de bonnes pratiques entre une diversité d’acteurs. Nous avions aussi l’ambition de faire de la chaire IOPEN un dispositif d’innovation ouverte.

Et au final, c’est un triple win : les entreprises sont gagnantes car elles bénéficient d’une meilleure connaissance de leurs pratiques et de recommandations fondées théoriquement, le territoire aussi, qui bénéficie de la diffusion des résultats. Et notre laboratoire également au regard du double impact académique et socio-économique des travaux de recherche.

Et à présent ?

Nous avons d’ores et déjà d’autres projets avec nos mécènes. Nous espérons renouveler la chaire autour de nouvelles thématiques en phase avec les préoccupations managériales comme l’intelligence artificielle ou encore les « Grand Challenges » et leurs effets sur les business models des entreprises, leurs organisations et leurs modes de management. Une spécificité des chaires reste la co-construction du programme scientifique avec les mécènes. Celui-ci pourra émerger prochainement.